Atlas Linguistique du Cameroun

Langue - Bakoko

  • Code ALCAM: [402]
  • Nombre locuteurs - 50 000
  • Usage: Parlée au Cameroun
Détails de la langue
Groupes locuteurs :

bakoko = bakoko < adm., aut. = äasóó (basoo) < äasaa = Elog mpoo - adiá ( = äasóó äa diá " äasóó d'Edea " < äasaa) - yakalag ( = yakalak < adm. ) - yasug ( = yasuku < adm. ) - yapoma - yabyang-yapeke - dimbambañ ( = mbang < adm. ) - bisóó ( = basso < adm. = äasóó äa likol < adiá, äasaa = adiañgók < adiá )

Commentaires :

Traditionnellement, les sociétés äakoko et äasaa entretenaient des relations très étroites, notamment sur le plan religieux. La langue äakoko était la langue des rites, pour tous, Bakoko et Basaa ; et le äasaa était aussi familier aux Bakoko que leur propre langue. Après la seconde guerre mondiale, les relations rituelles perdant peu à peu de leur prééminence, cette symbiose sociale et linguistique se relâche, de telle sorte qu'aujourd'hui les deux langues suivent une évolution sociolinguistique séparée. Il reste que la plupart des locuteurs äakoko parlent aussi äasaa (mais l'inverse n'est pas vrai). L'intercompréhension est immédiate entre les différents dialectes äakoko. Mais ces dialectes sont nombreux du fait du morcellement géographique des Bakoko, répartis aux quatre coins de l'aire linguistique äasaa. Le plus central est l'adiá, d'Edéa, chef-lieu du département de la Sanaga-Maritime (Région du Littoral). A côté, dans le même département (arrondissement de Mouanko), sont parlés à l'Ouest, le Yakalag (canton Yakalak, avec Mouanko), et, au sud, le yasug (canton yassoukou, avec Déhané et Yawanda), débordant sur le département de l'Océan (nord-est de l'arrondissement de Kribi, Région du Sud). Détachés de cet ensemble contigu méridional, se distinguent quatre groupes bakoko séparés, ayant chacun son dialecte : à l'ouest : - le yapoma, parlé dans le canton Bakoko du département du Wouri (Région du Littoral), au sud de Douala (villages de Japoma) et : - le yabyañ-yapeke parlé par les deux groupes peuplant le canton Bakoko du département du Moungo (Région du Littoral), au sud de Dibombari (villages de Yabea, Yapaki, etc.). au Nord-Ouest : - le dimbambañ, parlé dans le canton Mbang (chef-lieu Nkondjok) du département du Nkam (Région du Littoral), entre le ndemli [502] au sud-est et le diäuäum, dialecte äasaa [401] isolé au nord. au nord-est : - le bisóó, du canton Basso (arrondissement de Ndom, département de la Sanaga-Maritime, Région du Littoral), parler des äasóó äalikol (" Basso du Nord "), ou adiañgók (" adiá de la grotte"), centrés sur Logbikoy, et le lieu de pèlerinage de Ngok-litouba (le "Rocher-à-la-grotte "). Les äakoko sont estimés à 50 000 locuteurs.

  • Classification: NIGER-KORDOFAN, NIGER-CONGO, BENUE–CONGO, BANTOÏDE BANTU, BANTU EQUATORIAL, BASAA-BETI, BASAA (A40a)
  • Zone linguistique: [4-0]
Description zone

Nous abordons ici les langues bantoues en commençant par celles que M. GUTHRIE (1971) a classées en A90, A80, A70 et (en partie seulement) A40.A90 (groupe kakó), le plus oriental, est le lieu où vient se défaire le bantu dans ses structures morphologiques les plus typiques - la classification nominale ne fonctionne plus et la profusion des formes nourrit une variation individuelle et intradialectale dont il reste à mettre à jour l'organisation ou, au moins, les orientations.A70 constitue une importante aire d'intercompréhension et de variation dialectale orientée du Nord au Sud, englobant la Guinée équatoriale et tout le nord du Gabon. Côté Cameroun, l'ewondo, variété dialectale de la capitale, et sa version véhiculaire le móngó ewondo ou “ petit ewondo ” ont contribué par leur attraction et leur extension à la “pahouinisation ” des populations voisines.Entre A70 et A90, A80 (groupe méka) longtemps attiré vers le pôle béti (A70) semble touché par le phénomène de déstructuration qui a gagné tout A90. Les taux de variation intradialectaux semblent à première vue importants, et la communication inter-groupe préfère, chez les jeunes générations, le français à l'ewondo véhiculaire.Cela signifie-t-il pour A80 et A90, zones à faible peuplement et où la scolarisation progresse à grands pas, une “ déstabilisation ” des langues nationales au profit du français ? Ce qui est sûr, c'est qu'on est là dans une aire de grande incertitude linguistique.A l'inverse, la fraction de A40 que nous incluons aussi dans cette zone 4, s'ordonne autour du noyau stable et massif que constitue l'importante communauté basaa. Sur la division de A40 en un sous-groupe basaa qui vient rejoindre le sous-groupe béti-fañ et un sous-groupe tunen qui, avec A60, va constituer ce que nous appellerons le bantou du Mbam. Nous y reviendrons dans l'introduction à la zone 5.